I - LE PREMIER EMPIRE

Pour mieux "distinguer" cette "petite histoire" de la "grande histoire", projetons-nous sous le Ier Empire.


I - 1 . Des Lieux et des Noms

Dans les dernières années du XVIIIe siècle, il semble que le Château des Mûrets, qui abrite actuellement les services administratifs de l'hôpital neuropsychiatrique, appartienne à Joséphine DE BEAUHARNAIS ou, du moins, qu'il soit à sa disposition.
Rappelons que son premier mariage s'est déroulé à Noisy-le-Grand ; il ne serait pas étonnant que les TASCHER DE LA PAGERIE ou les DE BEAUHARNAIS aient eu des possessions dans les fiefs de la région.
Rappelons aussi qu'avant qu'elle n'épouse le Général BONAPARTE la rumeur attribue à Joséphine une liaison avec le Vicomte Paul François DE BARRAS, chef du Directoire, qui, à cette époque, possède et vit au château de Grosbois, de l'autre côté du "Bois Notre-Dame".

Si, après le Vicomte DE BARRAS, c'est le Général Jean Victor MOREAU qui occupe Grosbois jusqu'en 1804, dès cette période on voit s'installer autour de La Queue-en-Brie certains des acteurs du 18 Brumaire.
C'est ainsi que le château de Combault, "château de Madame Sans-Gêne", actuellement Mairie de Pontault-Combault, est acheté en 1803 par le Maréchal François Joseph LEFEBVRE, Duc DE DANTZIG, qui sera maire de Combault de 1813 jusqu'à sa mort en 1820.

En 1804, BONAPARTE place Joseph FOUCHE, alors ministre de la Police, à Grosbois après l'envoi en exil de MOREAU et, en 1805, c'est le Maréchal Louis Alexandre BERTHIER, ministre de la guerre, Prince DE NEUCHÂTEL, Prince DE WAGRAM, qui s'y installe et y aménage des galeries à la gloire de l'Empire.

En 1809 Joséphine est répudiée ; elle occupe La Malmaison. Continue-t-elle alors à venir à La Queue-en-Brie ?
Il semble que sa fille Hortense, Reine de Hollande et mère de NAPOLEON III apprécie, quant à elle, le site Caudacien, ceci peut expliquer pourquoi NAPOLEON III fait dont d'un vitrail à l'église du village.

Mais de nouveau les Anglais fomentent des troubles en Europe à la recherche d'une nouvelle coalition : la guerre redevient inévitable.

En 1812, le Maréchal Edouard Adolphe MORTIER, Duc DE TREVISE (maire de La Queue-en-Brie de 1822 à 1830), arrive "en renfort" en achetant le domaine de La Lande et son château, au Plessis-Trévise qui est à l'époque hameau de La Queue-en-Brie.
Enfin, et ce simplement pour ce qui concerne notre ville, cette même année, Jean-Baptiste NOMPERE DE CHAMPAGNY, Duc DE CADORE, ambassadeur à Vienne, ministre de l'Intérieur, puis ministre des Relations Extérieures, s'installe au château des Marmousets.


I - 2 . La Campagne de France - Les Cent Jours

Un regard rapide sur les cartes d'état-major dressées au siècle dernier nous montre l'intérêt stratégique du château des Mûrets.
De sa façade principale, orientée vers celle du château de Combault, rayonne une série de voies carrossables qui joignent directement, à gauche la demeure de MORTIER, en face celle de LEFEBVRE, à droite celle de BERTHIER, en passant par celle de CHAMPAGNY, et de là Fontainebleau, demeure Impériale.
Une recherche rapide sur le terrain nous fait découvrir un état-major militaire dans lequel la salle des estafettes, la salle des cartes, le pigeonnier, les écuries, et les vestiges d'une tour du télégraphe Chappe, étaient encore visibles il y a quelques années.
Ce lieu, actuellement propriété de l'Assistance Publique connu sous le nom de ces précédents propriétaires (Propriété EDELINE), aurait-il été celui d'où fût dirigée la Campagne de France ?...
Notons d'autre part qu'à l'exception de BERTHIER, qui s'exile, les acteurs précédemment cités sont ceux qui reconstituent la Cour de l'Empereur durant les Cent Jours.

De Fontainebleau, NAPOLEON passa-t-il par La Queue-en-Brie pour rejoindre Paris ?...


I - 3 . Histoires de la Vie Quotidienne

En fouillant un peu plus, dans l'histoire du Ier Empire, on découvre des noms que l'on retrouvera et qui nous intéresseront près d'un siècle plus tard.

I - 3 . 1 . La Finance

En 1793 René Hillaire DE GAS, grand-père du peintre Edgar DEGAS, Commissaire aux grains à Paris, est chargé de percevoir la dîme au marché aux grains qui se tient alors sur la place du Palais Royal.
Alors que René Hillaire collecte l'impôt, un homme le frôle et lui murmure "fuis, la police est chez toi !"
Dans cette période trouble, tout et rien peuvent mener à la guillotine, et ce qui est reproché à René Hillaire c'est d'avoir été fiancé, il y a quelques années, à une jeune aristocrate royaliste, Hélène VATRIN, qui vient d'être arrêtée avec quelques autres pour avoir accueilli avec trop de zèle, les troupes prussiennes qui tentèrent d'investir la France pour mater la Révolution et rétablir la Monarchie. Ces demoiselles sont connues dans l'Histoire sous le nom de "Vierges de Verdun", et furent guillotinées.
Quant à l'homme qui alerte René Hillaire DE GAS, c'est un ami, conventionnel, du nom de François Auguste MALLARME, grand-père de Stéphane MALLARME, qui deviendra Député de la Meurthe puis de la Meuse et de la Moselle, mais qui, présentement, est chargé d'instruire le procès de nos Vierges.
Notre percepteur évalue le risque, il récolte rapidement quelque argent auprès de ses amis négociants en grains, saute à cheval et fuit pour Bordeaux. De là il prend un bateau qui le conduit jusqu'à Marseille d'où il s'embarque pour Naples en Italie.
Quelques mois plus tard, en 1795, alors que la Campagne d'Italie s'achève, nous retrouvons René Hilaire aux côtés de Louis BONAPARTE, chargé de créer et de rédiger le Grand Livre de la Dette Publique de la République Parthénopéenne. Mais René Hillaire DE GAS, dans le même temps, fonde aussi, à Naples, la banque DE GAS qui va essaimer dans plusieurs pays d'Europe et aux Etats Unis d'Amérique.


I - 3 . 2 . La Science et les Techniques

En 1793, l'ingénieur CHAPPE, perfectionnant le télégraphe optique, crée son système à double bras et son code associé. Abraham-Louis BREGUET, horloger et mécanicien, est alors chargé par l'Empereur de mettre au point le mécanisme de commande des bras du télégraphe optique. Son petit fils, Louis François Clément BREGUET, physicien et horloger (né en 1804), fut chargé, lors de l'avènement du Chemin de fer, d'établir le premier télégraphe électrique sur la ligne de Rouen des chemins de fers de l'Ouest. Parmi les enfants de Louis, la fille aînée nous intéresse car nous la retrouverons plus tard proche de l'histoire caudacienne.

A la même époque (vers 1800), un des principaux fournisseurs des armées impériales (fournisseur en passementerie, uniformes, harnachements, chariots, affûts, etc...) se nomme ROUART, et son fils, Stanislas Alexis ROUART, lui même "négociant" pour certains, "marchand d'armes" pour d'autres, apparaît, en 1847, comme étant déjà le propriétaire du domaine du Triangle.
Afin d'y construire les deux maisons bourgeoises, qui jusqu'à ce jour sont toujours debout*, il fait nettoyer la propriété des vestiges d'un ancien monastère.
La menée de ses affaires nécessitant que monsieur ROUART habite la Capitale, le domaine Caudacien n'est alors encore qu'une demeure de villégiature.


I - 3 . 3 . Les Arts.

Dans les dernières années du XVIIIème siècle, sous l'impulsion du peintre DAVID, un ébéniste et deux architectes créent le style Directoire puis le style Empire. Les deux architectes se nomment PERSIER et FONTAINE, quant à l'ébéniste, il s'agit de Georges Ier JACOB, dont un des fils, François Honoré JACOB DESMALTER, dit JACOB-DESMALTER, ébéniste lui aussi, est chargé de réaliser le Berceau du ROI DE ROME après avoir meublé les châteaux de La Malmaison, Saint-Cloud, Fontainebleau, et d'autres palais comme ceux de Windsor et de Saint Petersbourg.
Nous ferons connaissance, un peu plus loin dans cet exposé, des petits enfants respectifs de l'architecte FONTAINE et de l'ébéniste JACOB-DESMALTER.

* Information : à la date de publication de ce document, les deux maisons de la propriété caudacienne d'Henri Rouart étaient toujours intactes. Depuis, le Maire de l'époque s'est acharné à les faire abattre malgré les procédures de recours engagées, et l'intervention de nombreuses personnalités. Voir à ce sujet l'article "Chronique d'une destruction programmée" dans la rubrique Patrimoine.

 

ANNEXE HISTORIQUE CONCERNANT LA PROPRIETE ROUART, DITE PROPRIETE DU TRIANGLE

Etude réalisée par M. et Mme R. ESSELIN et leurs filles Cécile et Florence - Fondateurs et Membres des Associations S.C.I.A.M. et ESSOR CAUDACIEN. Reproduction totale ou partielle interdite sauf accord écrit des auteurs.

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